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Par Clarence D le 8 Juillet 2012 à 16:30
LE JARDIN DÉLAISSÉ
Du sol sec cent fois rebattu,
Entre le chiendent et la mousse,
Obstiné, le narcisse pousse
Et flamboie à fleur que veux-tu;
L'ancolie et la primevère,
En sauvageonnes sans façons,
Aux allées comme au vieux gazon,
Prodiguent leur graine légère;
L'iris foisonne; du lilas
Les drageons lutinent les branches;
Le rosier pimprenelle épanche
Le fouillis de ses falbalas:
Ô jardin que la main délaisse,
Paradis perdu sans fracas,
Fruste éden qui ne songes qu'à
Fleurir et refleurir sans cesse,
Ô frère naïf de ce Mont
Où la Muse oubliée sommeille,
En rêvant qu'un Orphée réveille
Les rythmes purs que nous aimons!
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Par Clarence D le 30 Juin 2012 à 11:03
GHAZEL DE L’ABSENCE
Le temps étire d’heure en heure ton absence,
Le jour s’afflige et la nuit pleure ton absence.
Qui comprendrait que je vis d’ombre et de désert
Quand nul ne sait qu’en moi demeure ton absence ?
Tes yeux, tes mains, la chère forme de ta voix,
Elle éteint leur plus mince leurre, ton absence.
En vain chante l’Orphée obtus de la mémoire :
Feu sans corps sur sa lyre affleure ton absence.
Dans un caveau d’oubli, pour qu’enfin je revive,
Faudra-t-il que s’emmure et meure ton absence ?
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Par Clarence D le 24 Juin 2012 à 16:21
E LA NAVE VA
Le poète autrefois posait, le soir venu,
Les songes de sa plume aux pieds de la déesse,
Muse dont la faveur, veillant sur sa prouesse,
Ouvrait à ses regards les seuils de l’inconnu.
Puis l’amour d’une dame, offert ou contenu,
Mit aux doigts du trouvère un luth plein de tendresse
Et, pour charmer le cœur de son enchanteresse,
La lui fit dans ses vers louer par le menu.
À présent qu’en l’honneur des amantes fidèles
On hésite à dresser des temples et des stèles,
Vers qui porter sa voix ? D’où tenir la beauté ?
Mais peut-être du vent, de la mer, des étoiles
Suffit-il d’éprouver sans fin la nouveauté
Pour que toujours l’esprit s’élance à pleines toiles !
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Par Clarence D le 11 Juin 2012 à 15:18
FRAGMENTS D'ART POÉTIQUE
I
Fleurs ou visages
Bure ou satin
Le vrai l'image
Tout fait butin
Si ce qu'il tient
N'est qu'un mirage
Le croire vain
Serait-il sage
Oui quand il chante
C'est dans sa voix
Que se lamentent
Toutes les voix
Est-il sorcier
Est-il poète
Le monde entier
Bat dans sa tête
II
Les mots appellent les mots
Que sais-tu de ce qu'ils disent
Tu vas comme ils te conduisent
Ni temps ni lieu de repos
L'un puis l'autre sans pitié
Une charrue dans la plaine
Ta main court où ils la traînent
Par les sillons du papier
Est-ce à toi de les changer
S'ils viennent toujours les mêmes
Qui donc sera le poème
Les brebis ou le berger
III
La poésie est un cri, oui! mais c'est un cri habillé.
Max JACOB
Vieux fer battu sur tant d'enclumes,
Sabot que dédaigne le pas
Des prophètes en qui s'allume
Le cri qu'ils n'habilleront pas,
Humble écho de rythmes éteints,
Te feront-ils, ceux qui t'exhument,
Quitter les sentiers clandestins,
Vieux vers limé sous tant de plumes?
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Par Clarence D le 7 Juin 2012 à 17:56
IMPROMPTU
Perles ou larmes,
les notes pleuvent du piano,
roulent, légères,
rosée sur la feuille,
s’effondrent, sombrent
dans le puits d’un silence éternel,
renaissent, tenaces,
tâtonnent au bord du gouffre,
et rejaillissent,
modeste et clair ruissellement
en quête de lumière.
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