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Par Clarence D le 17 Février 2013 à 16:00
MÉLANCOLIE DE PRINTEMPS
Les matins sont plus clairs, le jour bleu fraternise
Avec l’odeur de miel éparse au fil du vent ;
Le chat, gourd de tiédeur, assoupi sous l’auvent,
Laisse l’oiseau chanter comme en Terre Promise.
L’insecte de soleil et de nectar se grise ;
L’ombre est douce quand passe, au zénith dérivant,
Un nuage égaré qui s’éloigne en rêvant
- Peut-être - de pleurer ses embruns sur Venise.
Le cœur vibre, aussi vif que les vols de pinsons
Guettant sur les blés verts la blondeur des moissons,
Mais aux larmes d’avril le voici qui frissonne :
Tant de printemps déjà pour jamais révolus
Et tant d’êtres chéris qu’on ne reverra plus !
Est-ce un glas, blanc muguet, que ta clochette sonne ?
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Par Clarence D le 22 Janvier 2013 à 14:08
NEIGE
Toi qui dans l’ombre as revêtu
Nos routes de ta blancheur vaine,
Maudite neige, ignores-tu
Qu’on m’attend là-bas dans la plaine ?
Sceau jaloux qu’a posé la nuit
Sur mon chemin, peste enjôleuse,
Quel souffle sournois a conduit
Vers mon seuil ta candeur fâcheuse ?
Qu’exulte le gamin frondeur
Dont l’œil pétille et s’illumine,
Et chante qui veut la splendeur
Du mélèze fourré d’hermine !
Jubile, toi, stérile amant
De la beauté morte des glaces
Et des purs cristaux froidement
En tombeaux changeant les crevasses !
Et toi, sectateur ingénu
Des maigres plaisirs de la glisse,
Rêve d’un corps rompu menu
Et d’un nez couleur d’écrevisse !
Moi, je rage et mâche mon frein,
Tant j’aimerais, neige importune,
Que l’ire d’un Râ souverain
Ronge ta croûte et ma rancune ;
Neige intruse, sans toi j’allais
D’un ami cher pousser la porte :
À moi, pelles, râteaux, balais,
Et qu’au diable le vent t’emporte!
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Par Clarence D le 18 Janvier 2013 à 11:18
NOËL SUR LE CAUSSE
Pour sapin, le genévrier
Tiré du bois maigre où frissonne
La feuille que les vents d’automne
Du chêne n’ont pu délier.
Déroulé leur nid de guirlande,
Voici briller six boules d’or :
Parmi les piquants du décor,
À doigts prudents, qu’on les suspende !
Les astres de pâle carton,
Du papier d’argent les habille,
Et l’arbrisseau joyeux scintille,
Nimbé d’un unique feston.
Pour la grotte, suffit qu’on façonne
Le fond d’une boîte à souliers ;
Autour, des rocs de krafts grossiers
Qu’artistement la main chiffonne.
Du lichen neige sur les creux ;
Vers des gazons de fraîches mousses,
Douze moutons, labrit aux trousses,
Égaillent leur troupeau peureux.
Trois bergers, dont l’un s’agenouille,
L’autre serre, en fait de collet,
Sur sa nuque un frêle agnelet,
Et la bergère a sa quenouille.
Joseph en brun, Vierge d’azur,
L’Enfant comme de sucre rose ;
L’âne veille, et le bœuf repose,
Jarret brisé, contre le mur.
Et pourquoi pas déjà les mages ?
À l’écart… deux chameaux pour trois…
Couronne et pourpre de vrais rois,
Mais leurs présents pour seuls bagages…
***
Point de neige en blancs tourbillons
Sur les murs gris, la tuile obtuse ;
D’aucun seuil ni chemin ne fuse
L’exubérance de lampions :
Minuit dort. Pour demain, le prêche,
Les cantiques, l’harmonium,
L’encens baignant d’un Te Deum
Les santons géants de la crèche,
Quand du soulier ciré le soir
Seront nés, pour fruits de l’attente,
Le livre ou le jeu - qu’agrémente
Un jésus de chocolat noir.
Le jeu se partage, et le livre,
Au long des mois repris, relu,
Rouvre sans fin l’espace élu
Et de toute entrave délivre.
L’enfant qui rêve est-il naïf ?
S’il aime se bercer d’histoires,
C’est qu’elles drapent de leurs moires
Ce que le monde a d’incisif.
Noël à peine carillonne
Dans le village aux bois dormant ;
Le conte fait qu’à tout moment
L’espoir de mille cloches sonne !
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Par Clarence D le 23 Décembre 2012 à 11:17
UN VILLAGE
Ils disent que tu n’es pas mort,
Mais on a fermé ton école ;
De sa cour plus jamais ne sort
Un chant narquois de carmagnole ;
Son préau clos de verre obscur
N’abrite ni jeu ni rengaine,
Aucun front ne colle à son mur
L’excès d’un rire ou d’une peine ;
Il exhibe un appareil froid,
Récuré jusqu’à l’os des pierres,
Un échafaud rigide y croît
Entre l’acier des étagères.
Ils disent que tu vis toujours,
Mais ton sol vire tout en herbe,
Sans qu’octobre y songe aux labours
Sans qu’un fervent juillet l’engerbe ;
Du penchant qu’il ensoleillait,
On a banni le cep de vigne ;
Près du vallon où l’on cueillait,
L’ancolie au vent se résigne ;
Tes fossés de si frais rasés
Te font un masque funéraire,
De tes sous-bois dûment purgés
Fuit l’églantine téméraire.
Des barrières à tes chemins
Parlent d’absences et de crainte,
De machines au lieu de mains,
Le buis à vif trahit l’empreinte.
Et les nuits d’été quelquefois,
Se peut-il qu’on entende encore,
D’une ferme ou du fond des bois,
Un cri s’enquérir de l’aurore ?
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Par Clarence D le 7 Décembre 2012 à 16:20
NOVEMBRE
Aux volets clos dans le jour qui décline,
Au parasol replié sous l’auvent,
Au jardin glabre, à la treille orpheline,
Au sentier nu que ratisse le vent,
J’ai reconnu l’amère discipline
De votre absence et j’ai vu, s’élevant
Avec la nuit du pied de la colline,
L’oubli vers moi tendre son doigt savant.
Mais sous les feux douteux du crépuscule,
J’écoute au fond de la chair somnambule
Gémir les souvenirs désassemblés,
Et l’œil recru de soleil qui succombe
Fait vaciller le pas devant la combe
Où l’air du soir carde les jeunes blés.
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