-
Par Clarence D le 5 Juin 2012 à 15:33
BERCEUSE
La bouche mi-close fredonne
Pour l’enfant que bercent les bras ;
Dans l’ombre où son rouet ronronne,
La Parque tisse de beaux draps.
Pour l’enfant que bercent les bras
Viendra le temps de l’imprudence :
La Parque tisse de beaux draps
Jusqu’au bord des pistes de danse.
Viendra le temps de l’imprudence :
Combien de mères trembleront
Jusqu’au bord des pistes de danse,
Espoir et crainte à fleur de front !
Combien de mères trembleront
Tant les enfants mettent de flamme,
Espoir et crainte à fleur de front,
À fuir où le sort les réclame,
Tant les enfants mettent de flamme
À tirer sur le fil des jours,
À fuir où le sort les réclame,
Remportant honneurs et amours !
À tirer sur le fil des jours,
La trame du temps périclite,
Remportant honneurs et amours,
La force s’use à leur poursuite.
La trame du temps périclite,
Dans l’ombre chantent les fuseaux ;
La force s’use à leur poursuite,
Course sans fin de folles eaux.
Dans l’ombre chantent les fuseaux ;
La Parque à son fil monotone,
Course sans fin de folles eaux,
La bouche mi-close, fredonne.
votre commentaire -
Par Clarence D le 2 Juin 2012 à 15:17
TOURTERELLES
Tout autour de ma maison
Roucoulent les tourterelles,
Le jour est trop court pour elles,
Trop vite fuit la saison,
La saison pourtant si belle
Quand l’aurore en ses atours
Et les soirs où l’or ruisselle
S’enchantent de leurs amours.
Tout autour de mon jardin
Des enfants couraient naguère,
Feux follets, foudres de guerre,
Gare, rose et lavandin !
Que de gaîtés, de colères,
Que de farces, chers gredins !
Les heures valsaient, légères,
Mieux que bonds de baladins.
Tout autour des souvenirs
Enroulant sa brume douce,
L’oubli lentement émousse
Les regrets et les soupirs ;
Il pare de feuilles rousses
Les arbres las de fleurir,
Vêt de lichens et de mousses
La forêt près de finir.
Tourterelles, chuchotez
Aux confins de la mémoire
Pour qu’on ose longtemps croire
À la douceur des étés
Et qu’au creux des heures noires,
Reposoir d’éternité,
Votre chant tisse des moires
De tendresse et de clarté.
votre commentaire -
Par Clarence D le 31 Mai 2012 à 14:36
LES LIVRES
Est-ce discours de déraison ?
Est-ce louange à l’étourdie ?
Ils sont la terre et la maison,
Les racines, la frondaison,
Ils sont l’Eden et l’Arcadie.
Ils fixent contre les oublis
À l’impalpable fil des pages
L’essence des temps accomplis,
Du songe ils entr’ouvrent les plis
Et de l’avenir les présages.
Aux Cendrillons d’avant le bal
Ils montrent la splendeur du monde,
L’arc-en-ciel dans le carnaval,
Et comment du caillou banal
Surgit l’étincelle profonde.
Ils déroulent les écheveaux
De l’amour et de la rancune,
Des douleurs émoussent la faux
Et la clarté de jours nouveaux
Y rit au nez de la Fortune.
Vers leur imaginaire azur
Envolez-vous, âmes qu’étonne
Le désordre de l’être impur !
La tendresse du clair-obscur,
Vous l’y trouverez, cœurs d’automne !
Leur accueil est sans trahison
Et leur flamme sans incendie :
Heureux qui sent, dans un frisson,
Du plus dru de leur feuillaison
Sourdre un effluve d’Arcadie !
votre commentaire -
Par Clarence D le 30 Mai 2012 à 13:52
ALEA...
Ce mot-ci, pas celui -là,
J'écris, je rature,
Chasse ouverte au falbala,
Mais la phrase, quoique injure
A la vérité,
Fourgue l'or de sa figure:
Sous son air de fausseté,
Quel écho s'allonge
Et chuchote en aparté?
Quel acide des mots ronge
L'oubli qu'espéra
Tisser l'ersatz de mensonge?
Ouverture d'opéra:
Le poème songe
A ce que la voix taira.
votre commentaire -
Par Clarence D le 29 Mai 2012 à 14:07
L’OURAGAN
Ce vent qui vient du fond de l’horizon,
Gonflé de pleurs et couronné d’orage,
L’entendons-nous gronder sur la maison ?
Nous qui veillons, reclus, l’œil à l’ouvrage,
Et nous, dormeurs assurés d’avenir,
Entendons-nous l’augure du naufrage ?
Dans nos tiédeurs, entendons-nous hennir
Et se cabrer sur l’arête des tuiles
Les chevaux que nul frein ne peut tenir ?
Dans le donjon de nos rêves dociles,
Entendons-nous ramper au pied du mur
Les élans convulsifs des noirs reptiles ?
Tendres humains terrés dans l’antre sûr
Aveuglément tissé d’œuvre ou de songe,
Oublions-nous combien loin de l’azur
Conduit ce flux que notre souffle allonge ?
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique