• "Il m'arrive souvent, quand je dis sans y prendre garde : "Ma vie", de me demander involontairement: "Laquelle de mes vies?"

                  Stefan ZWEIG


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  • LA  MAISON

     

     

     

    Ce qu’on n’a pas vu, on le reconstitue à partir des bribes glanées à droite à gauche, à la station service, dans les boutiques du petit centre commercial. Même dans ce genre de banlieue provinciale, peuplée de bric et de broc, on finit par connaître des gens, on parle avec eux de ce qui tranche sur la routine. Et ces deux-là se sont donné tellement plus de mal que la moyenne ! Bien qu’on habite tout à côté, on les connaît à peine, on les a peu fréquentés parce qu’une haie haute et drue sépare les jardins, vastes comme on les préfère dans les zones résidentielles ; mais rien qu’à passer matin et soir devant chez eux, rien qu’à jeter un coup d’œil en ouvrant les volets à l’étage, on ne pouvait pas ignorer le changement. Quand on s’est installé, il y a plusieurs années, la décrépitude de la maison voisine avait déjà commencé: tuiles de guingois, traînées bitumeuses sur le pignon, herbe jamais coupée, séchant sur pied. On se souvient des volets restés clos pendant des mois entiers, un ou deux ans de suite peut-être, on a remarqué le ballet des visites, le soir, le samedi. Puis, soudain, un matin de grand soleil, toutes les ouvertures béantes, un grondement de tondeuse, une camionnette de location garée près du portail, devant une Clio beige défraîchie… Et un autre jour - un beau jour, dirait-on, si les choses avaient mieux tourné -, on les a vus, lui perché sur le toit, aussi à l’aise que s’il avait chevauché des faîtières toute sa vie, elle en salopette rose sur chemisier à fleurs, un foulard noué en turban autour de la tête, sans une boucle qui dépasse,  et au bout de ses bras nus, des gants jaune canari qui brossaient, dans un va-et-vient d’une vigueur plaisante, l’encadrement d’une fenêtre. On s’est habitué à leur présence chaque week-end, parfois le soir ; et quand ils ont emménagé - une table de cuisine, trois chaises, un matelas, un téléviseur,  une armada de paquets -, on a admiré, presque envié leur courage de camper au milieu d’un pareil chantier. Plus tard - plusieurs mois après -, on a trouvé dans la boîte aux lettres un carton d’invitation à un apéritif « pour pendre la crémaillère », ce qui était un peu plus qu’une image, comme on a pu le constater… Presque tout le quartier a défilé chez eux ce jour-là.


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  • La Délicatesse, de David Foenkinos

    Joliment troussé, certes :chapitres courts, entrecoupés de tags, phrases courtes, comparaisons amusantes, clins d'oeil, un seul tic un peu voyant (être dans...le bonheur, la sympathie,la gourmandise...).

    Mais est-ce autre chose qu'un roman-photos ou une sitcom? Nathalie épouse François, qui meurt trois ans après fauché par une voiture; au bout d'un laps de temps raisonnablement respectueux, Charles, le patron de Nathalie depuis longtemps amoureux d'elle, tente sa chance, mais un jour elle embrasse impulsivement Markus, un collègue jusque-là quasiment ignoré, qui du coup se met à rêver d'elle... Comment croit-on que l'histoire finisse? Par une partie de cache-cache dans le jardin d'une grand-mère gâteau!

    Et le titre? Les mots délicat, délicatement, délicatesse le rappellent périodiquement... Ou leur récurrence l'a suggéré.

    Bref, ça se lit tranquillement, par tranches au petit déjeuner par exemple, mais de là à en faire un des succès de l'année?...


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  • Le verbe finir est récemment devenu pronominal: à présent tout se finit!

    Que dit le Robert?

    Finir: Arriver à sa fin. Arriver à son terme dans le temps ou dans l'espace.

    Exemples: -Le spectacle finira vers minuit.

                      -Les films qui finissent bien...

                      - Finir en beauté.

    etc.

    Peut-on espèrer que finisse un jour la confusion du verbe finir avec ses synonymes, se terminer, s'achever, qui, eux, sont bel et bien pronominaux?


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  • Je n'ai pas d'a priori contre la poésie moderne - disons celle qui dérive des Illuminations de Rimbaud et des ambitions de Mallarmé. Mais c'est un fait qu'elle ne me procure pas les mêmes plaisirs que la poésie traditionnelle - disons celle qui rime plus ou moins et qui se comprend sans trop de gloses. De Baudelaire, je peux citer des strophes, mais presque rien de ses poèmes en prose, que pourtant j'admire... Quant aux surréalistes... cartésianisme invétéré, je suppose,...il m'est impossible d'entrer vraiment dans leurs arcanes.

    Cela écrit pour expliquer le titre de ce blog et le fait qu'on n'y trouvera guère que des poèmes de forme surannée aux yeux de certains.


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