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     L'Atelier du Gué, éditeur de la revue Brèves, vient d'inaugurer sa nouvelle formule avec le numéro 102. Intitulé "Le rêve sans fin", ce numéro rassemble une vingtaine de nouvelles inédites d'auteurs connus (Châteauraynaud, Blas de Roblès, Éric Faye, Serge Pey...) ou en voie de l'être, toutes inspirées (assure la 4ème de couverture)  par "l'Ange du Bizarre". De fait, on y trouve des "brocantes mystiques", des trompe l'œil, des "cercles d'eau", des parchemins étranges, des yeux de verre, des "badasses", et bien d 'autres singularités...

    On peut se procurer ce numéro sur le site de l'Atelier du Gué (lien ci-contre), ou sur Lekti-écriture (id), ou dans les quelques librairies qui accordent un peu de place aux revues. On peut aussi s'abonner! (Deux numéros par an, de 176 pages chacun, entièrement consacrés à des nouvelles inédites.)

     

    L'Atelier du Gué publie également divers ouvrages (recueils de nouvelles, essais, mémoires...) et prépare un recueil destiné à mettre en valeur les nouvellistes du Sud-Ouest (parution prévue en novembre.)

     

     


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    YEUX

     

     

     

    A peine se sont-ils ouverts qu'ils savent

     

         dans quelle crèche ils sont tombés

     

    -sagesse infuse que scrutent, si graves,

     

         les yeux bleu d'encre des bébés.

     

     

     

    A peine leur sourire éclos, le monde

     

         se décarcasse en mille tours,

     

    pitre anxieux qu'un œil d'enfant réponde

     

         à ses malices par l'amour.

     

     

     

    A peine un œil ému leur fait-il croire

     

         que le temps de plaire est venu,

     

    voici leur rire empli d'éclats de gloire:

     

         l'âme sœur les a reconnus!

     

     

     

    Des tendres yeux de l'amoureux naîtra

     

         le regard ébahi d'un père,

     

    quand l'œil doux de sa belle enfantera

     

         l'éternelle ride des mères.

     

     

     

    Les yeux chagrins s'apaiseront, pour peu

     

         que s'ouvre à leurs vapeurs d'orage

     

    le ciel limpide et serein d'autres yeux,

     

         ou qu'y luise un éclair d'hommage.

     

     

     

    Mais quand ils seront blottis pour toujours

     

         dans le noir écrin des paupières,

     

    qui verrait si nos yeux, sur son velours,

     

         pleurent des perles de lumière?

     

     

     

     

             (Lettre Y du recueil Alphabet)


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    Je sais, ça n'a rien à voir avec la littérature. Encore que planter ses dents dans une Reinette en attaquant la relecture d'Un roi sans divertissement...

    Cela parce que j'ai trouvé hier les premières Reines des reinettes de l'année, alors que je désespérais, depuis la disparition des Chantecler, de dénicher des pommes un peu petites, un peu goûteuses, parmi ces rangées insipides de fruits calibrés, gonflés à l'eau et aux engrais et importés du bout du monde.

    Bref, disposant à présent d'une échappatoire, je peux déblatérer à mon aise contre les méfaits de la normalisation!

      


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  • EXERCICE D'ADMIRATION 

    7 femmes, de Lydie Salvayre

     Oui, exercice d'admiration, avec sans doute aussi l'espoir de faire lire ou relire ces sept écrivains. Pour ma part, je n'en ai fréquenté que trois: Emily Brontë, Colette, et Virginia Woolf; la première très tôt en ce qui concerne Les Hauts de Hurlevent, beaucoup plus tard, par curiosité, et sans ressentir d'enthousiasme, pour ce qui est des poèmes; la seconde d'abord scolairement, et avec des impressions mêlées: justesse des mots pour décrire (Sido, parfois Les Vrilles de la vigne...), univers peu de mon goût (La Chatte); la troisième, relativement tard, avec grand plaisir pour Entre les actes ou La Promenade au phare, et moins pour Orlando, que Lydie Salvayre porte aux nues. Je n'ai lu ni Djuna Barnes ni Plath ni Bachmann ni Tsvetaeva, et à lire Salvayre je n'arrive pas à décider si elles ont du talent ou si c'est la singularité tragique de leur vie qui est leur principal mérite. Mais le tout se lit avec grand agrément, le style de Lydie Salvayre ayant, lui, incontestablement, de la vigueur et de la générosité.

      

     


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    L'Antarctique, de Claire Keegan

    Nouvelles cruelles pour la plupart. Narration à la fois feutrée et implacable, qui fonctionne tantôt comme l'éclaircissement progressif d'une énigme, tantôt comme une marche vers un avenir dont ne sait trop (à une ou deux exceptions près) s'il faut s'en réjouir ou le redouter.

    Contrairement à ce que dit la 4ème de couverture de mon édition, toutes les nouvelles ne se déroulent pas en Irlande, plusieurs se situent aux États-Unis.

     

    À travers les champs bleus, de Claire Keegan

    Ici aussi, (excepté la première, qui tient un peu de la farce malgré son titre) les nouvelles serrent le cœur. La vie semble ne pouvoir être qu'inconfortable et décevante, en dehors de quelques parenthèses de bonheur précaire.

    Sur le plan technique, le ton neutre donne du relief et en même temps relativise.

    Et certaines nouvelles dépeignent bien plus qu'un moment crucial, presque une vie entière parfois; quant aux fameuses chutes, si elles existent, elles sont curieusement estompées. Preuves, s'il en faut, que le genre ne se laisse pas enfermer dans des règles étroites.

     

     


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