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NUAGES D’ÉTÉ
Dans le ciel immensément bleu,
Plus légers que flocons de mousse,
Trois nuages qu’un zéphyr pousse
Vont flottant à la queue leu leu.
Le soleil en vain se courrouce,
En vain darde un arc ombrageux,
Ses traits de leur ventre neigeux
Ne tirent pas une secousse :
Ils vont leur train que rien n’émeut,
À peine si le vent rebrousse
Les franges de leur blanche housse
Ou de fils de lait mêle un nœud.
Nuages dont les lentes courses,
L’été, sont caresse à nos yeux,
Vienne octobre ouvrir grand les cieux,
De vos flancs renaîtront nos sources...
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ET POURTANT…
Ils sont si grands, tous ces poètes !
Tu les lis, les relis, ton âme s’en nourrit ;
Que pèsent près des leurs tes phrases inquiètes ?
Ton vers grince où le leur sourit.
Des mots ils domptent l’harmonie,
En cent couleurs les sons se divisent pour eux ;
Ta plume à la douleur de la pire avanie
N’offre de tons que langoureux.
Mais les cris ténus des mésanges
Seraient-ils une offense à ce sanglot des anges
Que la nuit sent monter au cou du rossignol ?
Si tu n’oses chanter, fredonne
- Et ne va pas guinder en morgue d’Espagnol
La fierté d’un peu d’art que la chance te donne !
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BALLADE SUR TROIS BALADINS
L'un fut jadis traîne-misère,
Voire larron dit la rumeur,
Au surplus jaillissant trouvère
Dont s'éternisent les douleurs
Quand vibre ici résonne ailleurs,
De flûtes en violoncelles,
L'air que sifflait ce maraudeur
Qui fut orfèvre en ritournelles.
L'autre, qu'il fût ou non sincère,
S'aimait moins joyeux que charmeur,
Triste et doux jusqu'en son mystère,
Berçant la lune sur son cœur
Comme on bercerait un bonheur
Enfui dans un battement d'ailes ;
C'était un prince de rêveurs,
Enlumineur de ritournelles.
Le troisième crie la colère
De ceux que bâillonne la peur ;
Que lui importe de déplaire
S’il peut conjurer le malheur !
Sur tous les tons, vif ou moqueur,
Ou chaud de tendresse immortelle,
C'est un oiseau des plus chanteurs,
Un virtuose en ritournelles.
Ami lecteur, que ta faveur
A leur chant ne soit pas rebelle :
C’est le seul vœu du rimailleur
Qui fit ce bout de ritournelle.
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La Marie-Anne de Plus blanc que blanc dédaigne les photographies de Serge. Un autre personnage de roman partage le même sentiment...
"... tous ces soi-disant grands photographes..., [il] en connaissait quelques-uns personnellement et n'avait pour eux que mépris, il les considérait tous autant qu'ils étaient comme à peu près aussi créatifs qu'un Photomaton."
Michel HOUELLEBECQ
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BIBLIOTHÈQUE
J’ai sept ans et je viens d’entrer à l’école de mon village : toute petite, classe unique, deux portes et quatre fenêtres, un poêle dans l’ovale de sa grille, deux tableaux verts, six paires de pupitres sur deux files. Quant au maître, vingt-deux, vingt-trois ans peut-être, mais c’est Monsieur, dont la blouse grise en impose au moins timide.
Je sais lire, écrire et compter, et même - jusqu’à la lettre M - tracer des majuscules sans trembler ni quitter la ligne. Du monde, je connais, outre les bois et les champs d’alentour, deux trois églises, autant de bourgs, le nom de l’Indochine, les travaux et les jours, le chien, les vaches, quelques machines qui dorment l’hiver sous les poutres du hangar, d’où pend la balançoire.
Chaque samedi soir, le maître ouvre l’armoire aux livres. Elle veille à longueur de semaine, droite comme un i, plus sage qu’une image, derrière le tableau des phrases et des problèmes. Brune, vitrée, fermée à clé, patiente elle attend. Par les transparences de son ventre, l’œil caresse les titres et l’or et l’azur et l’ivoire et l’incarnat des dos. On rêve, on imagine ; et quand elle offre à deux battants son trésor, on reste coi dans l’espérance d’un nouveau fragment de l’univers.
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