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LE JARDIN DÉLAISSÉ
Du sol sec cent fois rebattu,
Entre le chiendent et la mousse,
Obstiné, le narcisse pousse
Et flamboie à fleur que veux-tu;
L'ancolie et la primevère,
En sauvageonnes sans façons,
Aux allées comme au vieux gazon,
Prodiguent leur graine légère;
L'iris foisonne; du lilas
Les drageons lutinent les branches;
Le rosier pimprenelle épanche
Le fouillis de ses falbalas:
Ô jardin que la main délaisse,
Paradis perdu sans fracas,
Fruste éden qui ne songes qu'à
Fleurir et refleurir sans cesse,
Ô frère naïf de ce Mont
Où la Muse oubliée sommeille,
En rêvant qu'un Orphée réveille
Les rythmes purs que nous aimons!
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Les papiers d'Aspern - Henry James
Un délice de douloureuse ironie. J'avais lu d'autres nouvelles de James, je ne me souviens pas qu'aucune m'ait paru aussi fascinante - peut-être parce que le sujet de celle-ci m'intéresse particulièrement.
Nouvelle, oui, bien que publiée en collection de poche sous l'étiquette "roman": 180 pages d'une typographie aérée, très peu de personnages, et une action des plus simples : l'un des biographes du poète Jeffrey Aspern devient locataire à Venise chez une ancienne "amie" de celui-ci, à présent très âgée, dans l'espoir d'avoir accès à des manuscrits de l'écrivain, et pour y parvenir il tente de convaincre la nièce de la vieille dame de l'aider.
C'est un mélange de comédie et de tragédie, raconté avec cette façon très anglaise (je crois) d'associer litote et crudité, ou de les alterner.
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