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                             UN PORTRAIT                                   UN PORTRAIT

     

    On ignore qui est cet Homme aux yeux gris du Titien. On l'appelle pafois aussi Le jeune Anglais.

     L'écrivain Petru Dumitriu (roumain d'origine, mais écrivant en français), l'a imaginé espagnol, fils de marranes, et lui a fait traverser presque tout le monde connu en son temps, c'est-à-dire vers la fin du XVIème siècle. C'est l'un des meilleurs romans historiques que je connaisse - grâce à feues les Nouvelles littéraires et à François Nourrissier. Non seulement il restitue la voix d'une époque (sans l'empois qu'on observe dans Fortune de France), mais il donne vie à une souffrance vraie, sans doute celle que le personnage partage avec son auteur: celle du déraciné qui ne trouve sa place nulle part, sinon tout à la fin dans l'oubli complet de soi.

      

      


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    ZEUS

    Zeus

    Sous corps de cygne ou de taureau,

    Masque de chair ou d’or en pluie,

    Loin de l’Olympe où je m’ennuie,

    Je rôde, insolent tourtereau :

    Que ta pudeur, nymphe, s’enfuie !

    Suis-je pas des cœurs le bourreau ?

     

    Mais sur l’hôtesse aux mains flétries,

    Sur la mère au cœur pantelant,

    Sur les sœurs de trop près chéries,

    Ma foudre, de pitié croulant,

    Jette en funèbres draperies

    Écorce ou pierre ou plume ou plant.

      

     


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    PORT ROYAL DES CHAMPS

     

     

    Alentour, prés et bois mêlent leur vert fouillis

    Où ne reste de murs qu’une enceinte incertaine,

    Ici blocs décapés, joints frais, crête hautaine,

    Là-bas moellons moussus qu’assiègent les taillis ;

     

    Le creux du val est vide, et les vents recueillis

    Viennent, d’un vol furtif effleurant la fontaine,

    Y baigner, comme éclos d’une saison lointaine,

    Le souffle à bout de pleurs des chagrins envieillis.

     

    Seul vivant sous le ciel où le fil des nuées

    Tisse de lents charrois d’âmes exténuées,

    On y rôde, on y songe aux sages du Désert ;

     

    On rêve qu’un instant le parc mélancolique

    Des voix mortes dans l’ombre éveille  le concert

    Et repeuple le soir de leur timbre angélique.

      

      

      

    L'ÂME D'UN LIEU

     

     

     


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    LAURIER

                      Daphné

     

    Quand j’ai fui, mourant d’épouvante,

    L’âpre étreinte du dieu de feu

    Qu’un désir impudent tourmente,

    Nature, te crois-tu clémente

    Pour m’avoir, docile à mon vœu,

    Sous l’écorce enclose vivante ?

     


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                   Baucis

      

    Versant le lait, coupant le pain,

    Des voyageurs humbles servantes,

    S’affairaient  mes deux mains tremblantes ;

    Près de mon vieil époux le pin,

    À présent frêne je t’évente,

    Passant  recru du long chemin.

     


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