• MURMURES...

    "Du domaine des Murmures"     (C. Martinez)

    Étrange roman.

    Titre prometteur... et trompeur: bruit et fureur plutôt que chuchotements.

    Joue sur tous les tableaux: fantastique médiéval, fascination du hors-norme, de l'excessif, de l'effroyable (l'inceste, la réclusion volontaire, la mutilation de l'innocent...), sentimentalisme (mère et enfant, marginaux amoureux), et même l'ironie (le faux miracle de l'agneau) ou la pédagogie (la femme en ce temps-là...).

    Le style est ferme, parfois remarquable (telle longue phrase p.146-7), jamais trop chargé de médiévismes pour sembler une reconstiturion finalement artificielle (comme on l'observe dans Fortune de France, par exemple, où, quelle que soit la virtuosité de l'auteur, son application à "montaigniser" ou "rabelaiser" finit par lasser).

    Et il est vrai que l'insertion du récit de la désastreuse croisade dans les visions de la recluse est un tour de force narratif.

    Mais aucun personnage ne me frappe par sa vérité, ne me touche vraiment, ni ce Lothaire, soudard mué en trouvère, ni ce père qui ne trouve d'exutoire que dans la violence, ni cette Bérangère énamourée, ni cette Esclarmonde, confortable recluse dotée d'une cheminée et nourrie par une serve dévote.

    S'agit-il de démystifier l'aveugle foi des simples de jadis? Ou de séduire les amateurs d'extrême?

    La page que j'aime vraiment, c'est celle où la vieille nourrice sermonant la recluse lui rappelle les réalités sociales et les cruautés de la vie :"N'envie pas trop notre misère, c'est elle qui nous force à rester serrés les uns contre les autres.[...] Tu ne sais pas de quoi tu parles. Je connais la force des choses..." (p.150-151)


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