• LA MAISON

    La suite, on l’imagine - avec beaucoup moins de latitude inventive, tout de même, que ne serait tenté de l’avancer un lecteur impulsif : Nadia habite dans les immeubles entre la ville et les pavillons, et fréquente la même supérette que tout le voisinage : c’est la seule du secteur. Qui plus est, le hasard et surtout la commodité ont voulu que ce soit à l’entreprise de maçonnerie de leur père qu’on  ait naguère passé commande d’une  terrasse et d’un auvent, travaux de peu d’intérêt pour lui, mais qu’avant sa retraite, néanmoins, il acceptait d’effectuer chez les gens du coin. Il en subsiste de vagues liens avec ses enfants. Et des ruptures, on a assez vécu pour en avoir vu plus d’une et pour reconstituer  le cheminement de celle-ci. Qu’on invente quelques détails ne la rend ni plus ni moins désolante.

     

             Lignes pures, finitions sans défaut, la cheminée est vraiment superbe. « Superbe ! Superbe ! » égrène en un paresseux refrain le défilé des amis et des voisins conviés à l’admirer. « Superbe, admet Nadia, Gilles s’est surpassé. » Pour qui connaît de longue date la sœur de Gilles, pour qui se rappelle avec quelle fermeté elle a tenu la maison désertée par leur mère et s’émerveille de sa mansuétude présente envers la bohême - revirement en réalité sans grand mystère : la naissance de ses enfants lui a révélé des priorités autrement vitales -, pour quiconque saisit les nuances de la voix et des mots, le compliment ne résonne pas sans ambiguïté.


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