• UN VILLAGE

                                   

                                      UN VILLAGE

     

     

    Ils disent que tu n’es pas mort,

    Mais on a fermé ton école ;

    De sa cour plus jamais ne sort

    Un chant narquois de carmagnole ;

     

    Son préau clos de verre obscur

    N’abrite ni jeu  ni rengaine,

    Aucun front ne colle à son mur

    L’excès d’un rire ou d’une peine ;

     

    Il exhibe un appareil froid,

    Récuré jusqu’à l’os des pierres,

    Un échafaud rigide y croît

    Entre l’acier des étagères.

     

    Ils disent que tu vis toujours,

    Mais ton sol vire tout en herbe,

    Sans qu’octobre y songe aux labours

    Sans qu’un fervent juillet l’engerbe ;

     

    Du penchant qu’il ensoleillait,

    On a banni le cep de vigne ;

    Près du vallon où l’on cueillait,

    L’ancolie au vent se résigne ;

     

    Tes fossés de si frais rasés

    Te font un masque funéraire,

    De tes sous-bois dûment purgés

    Fuit l’églantine téméraire.

     

    Des barrières à tes chemins

    Parlent d’absences et de crainte,

    De machines au lieu de mains,

    Le buis à vif trahit l’empreinte.

     

    Et les nuits d’été quelquefois,

    Se peut-il qu’on entende encore,

    D’une ferme ou du fond des bois,

    Un cri s’enquérir de l’aurore ?

     


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