• FAUT-IL CHOISIR?

        

         L'IDÉALISTE

     

     

    Si vous l'aimez, que ce ne soit

    ni pour la rondeur de ses lèvres,

    ni pour la pourpre de ses doigts,

    ni pour sa fougue ou pour sa fièvre;

     

    si vous l'aimez, n'allez pas voir

    sur son front des lis et des roses,

    dans ses yeux le sombre miroir

    où des amants perdus reposent;

     

    inutile, pour que vos mains

    prennent la courbe de ses hanches

    et la mesure de ses seins,

    de grimer les jours en dimanches.

     

    Si vous l'aimez, elle aimerait

    que vos yeux guettent sur sa bouche

    la forme grise des mots vrais

    dans l'esbroufe des phrases louches,

     

    que la couleur de votre voix

    irrigue de miel vos paroles,

    que votre regard quelquefois

    de ses faiblesses la console,

     

    et que la courbe de vos bras,

    plus douce que l'ombre du saule,

    quand le monde s'écroulera,

    repose autour de ses épaules.

            

         

            RÉALISME 

      

    De ma fenêtre au ras du toit,

     

    Je n’attends pas, comme on le croit,

     

    Que vienne l’oiseau de légende

     

    Ni que le ciel en pluie épande

     

    L’or que prit Zeus pour masque étroit.

     

     

     

    Ni mon front sur le verre froid

     

    Ni mon esprit - bien trop adroit -

     

    Ne rêvent d’un cœur qui dépende

     

    De ma fenêtre.

     

     

     

    Et quand la pulpe de mon doigt

     

    Dans la buée ouvre un détroit

     

    Et le festonne et l’enguirlande,

     

    Mon œil n’escompte pour provende

     

    Que voir clairement ce qu’on voit

     

    De ma fenêtre.

        

           

     

     

     

     


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