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PRINCIPE DE RÉALITÉ
DURE RÉALITÉ
Quand l’amour tisserait les parfums de la terre
Pour revêtir son corps d’un linceul embaumé,
L’être que dans ce monde on a le mieux aimé
N’en finirait pas moins putride et solitaire ;
Tu peux croire, puisant aux flots d’un vieux lavoir,
Dérober l’élixir qui ranimer l’aurore,
Mais tu n’exhiberas que son spectre sonore :
Le vrai passé jamais ne se donne à revoir ;
Et moi, fier décideur de sagesse ou démence
Pour avoir parcouru du savoir quelques champs,
J’entends rire les dieux à ces efforts touchants
D’un atome empêtré dans l’univers immense.
SUAVE MARI MAGNO…
Lucrèce, contemplant du port l’âpre tourmente,
Prend pitié des esquifs que l’orage a surpris,
Et chante le bonheur, humble, aisé, mais sans prix,
Qu’on gagne à réfréner l’illusion charmante :
« L’or, le succès, dit-il, le pouvoir sans rival,
L’aventure, et l’amour - si tu crois qu’il existe -,
Le sort jette sur tout, de son œil torve et triste,
Quelque revers plus prompt que l’écart d’un cheval!
Mais prends des fruits, du vin, savoure-les sur l’herbe,
Et, goûtant de mes vers la tendre autorité,
Propose-les pour baume à ton cœur irrité,
Au bord d’un lac limpide où gît le ciel superbe ! »
Tags : bonheur, lucrèce
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