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     LE TAPIS DU SALON   (Annie Saumont)

    Recueil de nouvelles, évidemment.

    Effroyables pour la plupart (meurtres, erreur judiciaire, accidents, enfants malheureux...).

    Pour traduire - je suppose - le désordre du monde ou des êtres, l'auteur démantibule la phrase, la temporalité de la narration; tout explose en éclats de sensations, de pensées, d'événements; les paroles rapportées ne se distinguent du récit que par une majuscule initiale. Ces choix peuvent se justifier, mais à force ils pèsent comme des procédés. On finit par préférer les textes plus simples, tels qu' Histoire ou Summer.

    Incontestablement, on se laisse prendre: de ce point de vue c'est une réussite. Mais ce style ne vieillira-t-il pas comme a vieilli l'écriture "artiste"?


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  • "Du domaine des Murmures"     (C. Martinez)

    Étrange roman.

    Titre prometteur... et trompeur: bruit et fureur plutôt que chuchotements.

    Joue sur tous les tableaux: fantastique médiéval, fascination du hors-norme, de l'excessif, de l'effroyable (l'inceste, la réclusion volontaire, la mutilation de l'innocent...), sentimentalisme (mère et enfant, marginaux amoureux), et même l'ironie (le faux miracle de l'agneau) ou la pédagogie (la femme en ce temps-là...).

    Le style est ferme, parfois remarquable (telle longue phrase p.146-7), jamais trop chargé de médiévismes pour sembler une reconstiturion finalement artificielle (comme on l'observe dans Fortune de France, par exemple, où, quelle que soit la virtuosité de l'auteur, son application à "montaigniser" ou "rabelaiser" finit par lasser).

    Et il est vrai que l'insertion du récit de la désastreuse croisade dans les visions de la recluse est un tour de force narratif.

    Mais aucun personnage ne me frappe par sa vérité, ne me touche vraiment, ni ce Lothaire, soudard mué en trouvère, ni ce père qui ne trouve d'exutoire que dans la violence, ni cette Bérangère énamourée, ni cette Esclarmonde, confortable recluse dotée d'une cheminée et nourrie par une serve dévote.

    S'agit-il de démystifier l'aveugle foi des simples de jadis? Ou de séduire les amateurs d'extrême?

    La page que j'aime vraiment, c'est celle où la vieille nourrice sermonant la recluse lui rappelle les réalités sociales et les cruautés de la vie :"N'envie pas trop notre misère, c'est elle qui nous force à rester serrés les uns contre les autres.[...] Tu ne sais pas de quoi tu parles. Je connais la force des choses..." (p.150-151)


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  • La Délicatesse, de David Foenkinos

    Joliment troussé, certes :chapitres courts, entrecoupés de tags, phrases courtes, comparaisons amusantes, clins d'oeil, un seul tic un peu voyant (être dans...le bonheur, la sympathie,la gourmandise...).

    Mais est-ce autre chose qu'un roman-photos ou une sitcom? Nathalie épouse François, qui meurt trois ans après fauché par une voiture; au bout d'un laps de temps raisonnablement respectueux, Charles, le patron de Nathalie depuis longtemps amoureux d'elle, tente sa chance, mais un jour elle embrasse impulsivement Markus, un collègue jusque-là quasiment ignoré, qui du coup se met à rêver d'elle... Comment croit-on que l'histoire finisse? Par une partie de cache-cache dans le jardin d'une grand-mère gâteau!

    Et le titre? Les mots délicat, délicatement, délicatesse le rappellent périodiquement... Ou leur récurrence l'a suggéré.

    Bref, ça se lit tranquillement, par tranches au petit déjeuner par exemple, mais de là à en faire un des succès de l'année?...


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