MÉLANCOLIE DE PRINTEMPS

Les matins sont plus clairs, le jour bleu fraternise

Avec l’odeur de miel éparse au fil du vent ;

Le chat, gourd de tiédeur, assoupi sous l’auvent,

Laisse l’oiseau chanter comme en Terre Promise.

L’insecte de soleil et de nectar se grise ;

L’ombre est douce quand passe, au zénith dérivant,

Un nuage égaré qui s’éloigne en rêvant

- Peut-être - de pleurer ses embruns sur Venise.

Le cœur vibre, aussi vif que les vols de pinsons

Guettant sur les blés verts la blondeur des moissons,

Mais aux larmes d’avril le voici qui frissonne :

Tant de printemps déjà pour jamais révolus

Et tant d’êtres chéris qu’on ne reverra plus !

Est-ce un glas, blanc muguet, que ta clochette sonne ?

Brefs récits pour une longue histoire, de Roger Grenier

Évidemment ça se lit sans ennui, mais ça s'oublie aussitôt lu. Franchement, si l'auteur n'occupait pas la place qu'il occupe, ce livre aurait-il été publié?

Tous ensemble, mais sans plus, de Georges Flipo

Au moins ces nouvelles-ci ont-elles de l'humour, et, pour quelqus-unes,  serrent-elles le cœur (Une fâcheuse fièvre) ou l'attendrissent-elles (Sainte Pauline des tandas). D'autres sont simplement féroces envers les pratiques du temps... ou de toujours!

Dix rêves de pierre, de Blandine Le Callet

(dont pourtant je n'aime pas tellement la Pièce montée - lue, il est vrai, en diagonale dans un supermarché).

Des trois recueils, c'est celui qui me touche le plus, malgré la petite grimace dont le gratifie la notule critique du Monde. L'angle de narration est judicieux dans tous les textes, et j'aime particulièrement la fin - très cinématographique - de Cinq ans, six mois et dix-huit jours. J'aime moins, cependant, l'emploi systématique du présent, qui nuit à la diversité, et la présence récurrente d'un  chien, qui a vraiment tout du procédé*. 

*...à mes yeux, mais qui a séduit la critique du Point; des goûts et des couleurs...