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    Purge, de Sofi Oksanen

    Roman prenant par son intrigue et ses deux personnages principaux, dans lesquels se mêlent naïveté, astuce, énergie; évidemment Zara inspire plus de sympathie qu'Aliide, desservie par sa jalousie forcenée. Montage efficace, qui ménage les éclaircissements sans trop en retenir ni en donner plus que nécessaire.

    Sur le strict plan littéraire, des inégalités: des pages qui saisissent et peignent d'une façon étonnamment concrète en même temps qu'imagée le coup de foudre amoureux ou les stratégies de résistance de l'être humain à l'insupportable, d'autres maladroites, voire confuses (est-ce voulu pour traduire la confusion de l'esprit?); la fin en particulier prend une allure par trop documentaire, sans transposition aucune. 

      

      


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    AUTOMNES

     

     

     

    Autrefois, farfadet des grèses,

    Des clos, des combes, des chemins

    Où les feuilles couchent à l'aise

    Leurs chutes d'ambre et de carmin,

    J'y traînais mes pas enfantins,

    Etrave où le flot d'or foisonne,

    Lame froissant moire et satin:

    J'avais six ans, j'aimais l'automne.

     

    Cœur couvant d'ombrageuses braises,

    Tablier neuf, souliers reteints,

    Dans le cartable rien qui pèse,

    Sous le ciel tendre du matin,

    L'école me rappelle enfin,

    Et vers elle mes pas résonnent

    Moins haut que n'exulte ma faim

    - Dieu! qu'à dix ans j'aime l'automne!

     

    Je quittai mes bois et mes grèses,

    Mais les murs des villes sont pleins

    D'enfeus où les livres se plaisent

    À charmer les yeux orphelins;

    Sanglots longs et filles du Rhin

    Et lacs aux vagues monotones

    Me grisant de subtils chagrins,

    Même à seize ans j'aimais l'automne.

     

    Toi, Septembre, puisque ta main

    D'un an sur l'autre me couronne,

    Tresse des pampres, que demain

    Mes soixante ans aiment l'automne!

      

      

     


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    SENTINELLE

     

     

    De ma fenêtre je regarde,

    Dès l’aurore montant la garde,

    Tourner le jour et la saison,

    Et la nuit - folie ou raison -,

    Insomnieuse je m’attarde ;

     

    Les flammes dont le soir se farde,

    Le rayon blanc que l’aube darde,

    J’en vois la moindre effloraison

    De ma fenêtre ;

     

    Je m’en voudrais si, par mégarde,

    Je manquais l’heure où la camarde,

    Lasse de ma vaine oraison,

    Tendra sa faux vers ma maison

    Pour me retrancher, goguenarde,

    De ma fenêtre.


     

     


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