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    La carte et le territoire - Michel Houellebecq

    Un remarquable condensé du monde actuel, depuis les réalités les plus banales (le plombier, le mendiant, le bébé qu'il faut changer dans l'avion de Beauvais...), jusqu'aux plus superficielles et futiles (la réception chez Pernaut) en passant par les technologies (ordinateurs, appareils photo, voitures), les modes dans l'art et la littérature - si l'on peut dire - et les inquiétudes humaines universelles (l'amour, la maladie). Le tout subtilement ironique, sans sarcasme et sans larmes, avec d'aimables pastiches du roman policier dans la dernière partie (où l'on reconnaît les tics du genre: scène de crime horrible, vieux briscard idéaliste, jeune enquêteur cultivé... renvoyés dans les cordes par une solution due au seul hasard) - qui n'empêchent pas que l'intérêt se retrouve soudain relancé avec une grande maestria-, et une irruption inattendue du roman d'anticipation à la fin.

    (À se demander si les accusations de plagiat de Wikipedia ne masquaient pas le dépit d'être tourné en dérision avec autant de finesse!)

    Oui, il méritait son Goncourt, ce roman-là!

     

     

     


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    Le vase où meurt cette verveine - Frédérique Martin

           Un bien joli titre, pour un roman qui culmine sur une scène horrible - à laquelle j'ai du mal à croire, malgré ce qui en est dit à la fin: "Certains événements sont au-delà du pardon ou de la compréhension, ils prennent racine dans des choses humaines trop lourdes pour être nommées. j'ai fini par admettre qu'on doit juste y consentir."

           Certes j'ai lu d'une traite avec intérêt (ou simple curiosité?), mais j'ai aussi peine à croire que les personnages puissent écrire comme ils écrivent: ouvrier agricole et femme au foyer si j'ai bien compris, et dotés d'un style dont la recherche étonne de leur part - d'autant plus s'ils sont si peu capables de prendre les initiatives qui auraient empêché ou interrompraient leur séparation. Le roman par lettres est une forme intéressante, encore faut-il que ces lettres paraissent vraisemblables - et ce serait encore mieux si elles contribuaient au progrès des événements, alors qu'ici elles en sont simplement le récit.

           Les gens heureux n'ont pas d'histoire, je sais; s'ensuit-il qu'il faille, pour faire un roman, joindre dans cette histoire l'atroce (la fille) au convenu du moment (le fils), et pourtant, en outre, réunir finalement les protagonistes (les parents) - "Je t'aime toujours, qu'y puis-je?" - ? Pour ma part, je n'oserais pas.

      


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    CHERS  ÉPHÉMÈRES

     

     

     

    Ils traversent nos jours sans qu’y pèsent leurs ombres,

    Attentifs dans l’instant et sitôt oublieux,

           Liés à  nous si fort, si peu !

    Car de peur qu’un excès de ferveur les encombre,

           On les chérit du bout des yeux.

     

    Savent-ils quels désirs sur leurs traces s’élancent ?

    Comme le souffle ami d’un bonheur en partance,

           Leurs pas, leurs voix,  leurs doigts sont doux,

    Humbles effleurements, délice du silence

           Que leur bonté pose sur nous.

     

    L’un panse une blessure, un autre ouvre une voie

    Par où s’écoule enfin le poison du mépris,

           Un autre entend l’écho des cris

    Qui firent, mieux qu’un bec acharné sur un foie,

           Saigner l’espoir d’être compris.

     

    Ils sont sur notre route un semis de lumières ;

    S’ils reviennent parfois effleurer nos frontières,

           Sourires frêles du passé,

    Le temps nous les reprend de jalouse manière

           - Sans que leur nom soit effacé :

     

     Ils ont foré dans l’âme une grotte secrète

     Où retourner en rêve et rêver de retours

           Vers les saisons d’intime fête

    Lorsque mains ou regards composaient de velours

            L’heure digne d’être toujours !

     

     

             

      


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